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BIOGRAPHIE

portrait dessin de Jacques NUNEZ-TEODORO

« Bébé botte de foin », nait en 1948 sur les bords de la Loire des amours improbables entre une fille de ferme française et un ouvrier agricole immigré espagnol.

Enfance misérable dans un village de Petite Beauce. École communale, concours d’entrée en sixième et concours des bourses nationales.  Lycée, bac Philosophie. Faculté de Lettres comme étudiant salarié. Admission à l’École Nationale Supérieure d’Art Dramatique de Strasbourg et formation de régisseur - metteur en scène. S’éloigne toutefois vite du milieu du théâtre professionnel où il se sent déplacé.

Reprend des études universitaires tout en travaillant. Milite activement contre tous les totalitarismes et toutes les formes de discrimination. Pratique le théâtre d’agit-prop à l’occasion de multiples luttes sociales. Intervient dans les foyers auprès des travailleurs immigrés (entre autres, alphabétisation et connaissance de leurs droits). Responsable syndical. Investissement dans la recherche éducative.

Maîtrise de lettres Modernes. DESS de Sciences de l’Éducation.

Rejoint l’Éducation Nationale : CPE, responsable de formation. Ce, en poursuivant son activité politique et une activité théâtrale : écriture, mises en scène, ateliers d’improvisation et d’écriture, avec des scolaires, ou des adultes (troupes d’amateurs, maisons de quartiers…). Chargé d’alphabétisation de primo-arrivants.

A toujours écrit, des romans, des pièces de théâtre (jouées), des poèmes (publiés dans diverses revues), sans chercher à être édité, reportant à plus tard cet investissement, privilégiant l’action. Vit dans le Lot, où il consacre la majeure partie de son temps au travail littéraire.

NOTE de l’Éditeur

Personne mieux que Jacques NUNEZ-TEODORO saurait parler du petit peuple, il le connaît si bien, il a tant vécu en son sein. Il se considère toujours comme l’un des leurs.

     Ce petit peuple est fait de petites gens écrasées dans leurs petites vies, aux logements tristes, mal entretenus, dont l’étroitesse augmente de jour en jour, sous la pression de l’impossible, de l’inatteignable, celle du monde des autres.

     Souvent, nous sommes ces autres.

     Voyons-nous ce petit peuple ?

     Non, nous préférons détourner les yeux, l’ignorer comme tout le monde dans ce monde.

     S’il disparaissait, le remarquerait-on ?

     Pas sûr !

     Pourtant le petit peuple fourmille autour de nous tous, nous, ceux de là-bas.

     Chacune des nouvelles de Jacques NUNEZ-TEODORO est une tranche de leur triste vie, invisible, inutile ou pas, souvent tragique.

     Chaque personnage courbe l’échine sous un joug qui lui est propre.

     Malgré tout, point de sinistrose dans ces textes, seule la réalité crue, tenace, journalière et fatale, étalée au grand jour, elle qui aime tant la sombritude.

     Que votre esprit digère ces quelques Nouvelles et la promesse de Jacques est que vous en sortirez grandis.

 

Jean KUBLER        

PREFACE de Jean Claude TARDIF

Il est des écrivains pour qui les mots sont bien autres choses que des assemblages de lettres ; pour qui les phrases racontent bien davantage que ce qu’elles sont censées formuler, tant elles sont douées de profondeur. Elles évitent l’abscons, l’ampoulé, le superfétatoire et vous parlent en direct parce que leur auteur a fait le choix du Monde, mieux du petit-monde. D’où il vient, où il n’a cessé d’être. Celui qui est fait pour et de la plupart d’entre nous.

Ces écrivains existent, mais ne sont pas si nombreux qu’on ne le pense. Jacques Nuñez - Teodoro en fait partie, et ce fut, pour moi, un bonheur de croiser son écriture il y a quelque temps grâce à la jeune maison d’éditions Le Vent se Lève (1). L’écriture ici n’était pas un jeu, une activité exercée dans l’entre-soi ; entre gens du même monde ! Elle était là pour dire, crier – même à mots couverts – Elle était là pour rompre avec la syntaxique des bonnes manières. Elle était parce que soudain elle ne pouvait être ailleurs.

     J’y découvrais une force d’émotion, une sincérité, qui me parlaient, me remuaient aux tréfonds. Elles me sont redonnées, ici, à la lecture de ces nouvelles. La plume y est à nu, l’écriture à l’os ; grattée. Rien n’y est superflu, l’auteur ne se paie ni de mot, ni de fioriture puisqu’il ne s’agit pas d’endormir le lecteur, de l’empommader, mais de le réveiller pleinement sous couvert de brèves tranches d’existence, de le mettre face à lui-même, puisque je est un autre, mieux, est l’autre ! Nouvelles écrites sur le fil de la langue, comme celui d’une lame où chaque mot, chaque phrase, peut nous conduire à basculer, hésite entre le rire – grinçant – et la désespérance la plus vive -pour ne pas dire la plus vivante, vivace. 

     Nouvelles qui nous disent notre état d’homme – il est peu enviable – et celui de notre société où l’on substitue de plus en plus les codes et lexiques marchands aux valeurs. Les hommes, aujourd’hui, sont «employables» au même titre que n’importe quelle machine. Ils sont «productifs» et «force de travail», ramenés à des slogans publicitaires et des titres d’émissions dites « grand public », dont l’auteur fait ici des titres détournés, et déniés dans leur qualité d’homme – la seule qui vaille pourtant. C’est pourtant d’eux, ces niés, que l’auteur nous parle, dont il est proche comme nous devrions l’être, puisque nous sommes des leurs. Jacques Nuñez-Teodoro n’a de cesse, par l’entremise de ces brèves histoires, de vouloir nous mettre en face de nous-mêmes, de nous ramener à nous, à notre condition et, pour ce qui me concerne, il me semble qu’il y parvient grâce à cette écriture droite, directe, parce qu’il nous écrit comme il me parle : d’homme à d’homme, simplement.

     Si je l’osais- je l’ose ! - et qu’importe si pour certains, ceux qui s’en gargarisent à des fins de basse politique le plus souvent, il s’agit là d’un gros mot, d’un vocable sali, souillé, je dirai - et vous l’aurez compris, il s’agit pour moi d’un compliment et plus encore - que Jacques Nuñez-Teodoro est un écrivain populaire au sens noble du terme, puisqu’il parle de ceux dont on ne parle plus. Gens de peu, oubliés et/ou utilisés. Il leur redonne, remet en lumière, une dignité qu’ils n’ont jamais perdue, qu’ils ont parfois simplement glissée sous le boisseau des apparences de peur qu’on la leur dérobe tout à fait.

     Lisez ces nouvelles denses, grinçantes et noires, parfois, comme on le dit d’une terre dont on devine la richesse, le poids de vie qu’elle renferme. Lisez ce livre non pas parce que j’ai aimé les mots qu’il renferme et ceux qui l’habitent. Lisez-le simplement, parce que ce faisant, vous ne pourrez qu’être touché, remué, interrogé ; vous ne pourrez qu’être vous-même, lecteur, l’aimer également.

                     

Jean-Claude Tardif, écrivain, poète,

animateur de la revue « A l’Index »   

  1/ « Les moutons noirs » Editions Le Vent se lève ! – 2015

Réédition dans une version revue et corrigée par l’auteur. Editions du Bord du Lot.2018

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